Journal intime d'un pyrénéiste

Journal intime d'un pyrénéiste
"l'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous...." Walter Bonatti

vendredi 2 mai 2014

canyonning en Sierra de Guarra avec Lionel.... 4 en 1

Dieu que la montagne est belle et si je devais comparer les Pyrénées à une entité ce serait pour moi une pierre précieuse, brute, car si nos montagnes ont mille facettes  quelque soit l'endroit d'où on la regarde en transparence , si l'aspect est différent, la beauté elle est toujours transcendante.

Les Pyrénées, elles, dans leur splendeur, peuvent se voir depuis les 3000 majestueux du Vignemale, les cascades de glace de Gavarnie, les Arres d'Anie,  les lapiaz d'Anisle, les grès rouges du Castillo de Archer, la splendeur du lac du Campana qui dégèle mais les Pyrénées c'est aussi le désert rude, farwestien, chaotique, des Bardenas ou les  grandioses canyons d'Ordesa ou de la Sierra de Guarra.

Et ces Pyrénées que depuis 10ans je ne cesse d'aimer, ont peut les découvrir sous le prisme de tant d'activités. La randonnée , sur ses sentiers, le ski pour la liberté, l'escalade pour sentir son rocher, et le canyon pour contempler son sang, son eau en couler....
Faire du canyon c'est rentrer dans les entrailles de la montagne, au plus profond, c'est comprendre son histoire et son origine, le travail des éléments, de l'eau et du vent.... Nul ne peut y être insensible, dans ses méandres et ses boyaux, nous, hommes, nous sommes presque invisibles.

Lionel lui, connait la diversité de la montagne et sait apprécier une randonnée à ski , un couloir en alpi ou un canyon alors jeudi matin on est partis.

Direction l'Espagne de bon matin, 3h de route depuis Louvie Juzon mais c'est comme si on avait fait 8h d'avion. Les oliviers presque millénaires aux troncs sculptés par les sécheresses et les siècles passés, ces formations argileuses et conglomératiques creusées par le vent et l'eau, ce soleil  et cette aridité alors que , versant français il neigeait au Pourtalet... que de contrastes déjà....





El Fondo

Vers 11h on est déjà au départ du premier canyon, El Fondo, dans le bassin du Balcès et qui se jette dans l'Isuala.  Le temps de se préparer, manger et c'est parti, il est à peine 11H30....

El Fondo est un canyon donné en 3/4h qui se décompose en 3 parties:
* La première est une zone de rappels avec un premier sur arbuste de 25m ( arbuste à droite en arrivant) , et une fin sous un filet d'eau , en toile d'araignée. Pour commencer ça met direct dans l'ambiance. D'en haut on voit bien le cours du ruisseau qui au fil des millénaires a creusé son lit dans ce conglomérat, vestige hercynien et marin de l'érection des Pyrénées.  Il en suit deux autres plus courts puis une zone intermédiaire quasi plane avant un dernier SUBLIME  de 20m qui nous amène sous une cascade.








On arrive ensuite dans la deuxième partie , plane et sans intérêt , avant d'attaquer LOS ESTRECHOS une zone de méandres extrêmement fins ( 30cms parfois) que l'on peut passer en opposition  puis, par un rappel à LOS OSCUROS. On entre ici dans le coeur de la roche, on en voit sa chair, creusée par l'eau. Ici il fait sombre, on est au fond du canyon, dominé par plusieurs dizaines de mètres de rochers, dans un fissure qui  fait à peine quelques dizaines de  centimètres. La lumière du soleil semble perdue, ricochant contre la paroi qui dessine les méandres du riu d'autrefois . Le froid de l'eau et l'obscurité tranchent avec le climat d'en haut, et le silence, dans cet environnement où nous sommes seuls, nous permet de nous rendre compte combien nous sommes privilégiés....
Malgré un rythme rapide sur les rappels, on ne cesse de lever la tête, on ne sait pas combien de temps encore cela va durer, mais on y est....















Au bout d'une heure et demi c'est déjà la sortie, c'était presque trop court. On remonte alors le Balcès avant d'apercevoir sur la rive en face, des chèvres équilibristes évoluant sur des fajas de quelques dizaines de cms de larges... hallucinant... on arrive ensuite à une zone avec des marmites avec deux jolis sauts à faire dont on ne se privera pas...








Le reste du retour de fait en suivant le chemin puis la piste. Au bout d'une heure on est de retour et là surprise un petit papier jaune sur la voiture... Bienvenido en Espana!!!



A 14h à peine on est sortis, un peu tot pour rentrer au camping alors regardant un peu les topos on trouve un deuxième canyon coté Fornaocal, Las Palomeras del Fornocal vers Collungo;

Le temps de se poser et on repart, plus motivés que jamais!!!!

Las Palomeras del Fornocal

Peu après 15h on est au pont de Las Palomeras , déjà en tenue. On se garera finalement au pont suivant ( Las Gargantas) avant de revenir au pont de départ. Du pont de LasPalomeras un sentier part sur la gauche. On le suit sur 100m puis naturellement on arrive dans le lit du ruisseau. L'accès est donc facile et immédiat avec une vue sur le pont. 

Ce canyon très court est je pense notre bonne surprise à Lionel est à moi. Contrairement au topo pas de déchets car en cette saison il y a encore un filet d'eau. Mieux une succession de petits rappels dans un cadre enchanteresse, au milieu des Estrechos de parfois 20cm. L'encaissement est constant et au fur et à mesure les parois prennent de la hauteur. Un rappel plus grand et plus humide nous conduit plus profond dans les Oscuros, c'est un paysage à couper le souffle. Malheureusement mon appareil photos n'a pas aimé les dernières marmites, et y aura pris ses dernières photos. Paix à son âme!!!
























Le retour se fait ensuite en remontant le Fornocal puis par une sente raide au niveau d'un rocher sur la gauche qui nous ramène au second pont où est garée la voiture. A 17h à peine le deuxième canyon de la journée  est sorti....

On rentre ensuite à un camping repéré peu avant, El Rio Verde. Il est encore tot; on plante la tente et on attaque l'apéro. S'il fait mauvais en France ici on est short par 20°. Un petit coup de sangria, une tige et des Harribo... avec un sourire béat... si c'est pas ça le paradis...

On ira au lit très tot, vers 21h pas grand chose à faire ici, pour une bonne nuit de 10h de sommeil....

Vendredi 2 Mai


Réveil à 7H30 , le temps de plier la tente de manger un peu et on est déjà prêt à 8H15. Le programme ^prévu est El Cueva Cabrito, un canyon plus long et réputé plus difficile avant de rentrer. mais Lionel qui a dormi dans sa voiture a trouvé un autre canyon à faire avant... Las Sarratanas del Fornacal situé juste à coté de Las Palomeras...

Las Sarratanas

On arrive au pont de Las Gargantas vers 8H45 le temps de se préparer et on décolle vers 9h. Un sentier avant le pont remonte sur la droite. Il suffit de le suivre jusqu'au bout. Il domine le canyon, majestueux, par un cheminement à flanc pour finir à son départ. 

Toute la première partie ( on apprendra ensuite que beaucoup évitent ce passage et donc la moitié du canyon!!) est constituée de marmites, aujourd'hui à moitié pleines avec des petits sauts mais aussi des descentes en opposition parfois délicates ( notamment une de 3m avec un buis intermédiaire) qui demandent de l'attention. Il vaut mieux avoir l'habitude car contrairement au topo aucun point de rappel. Pour moi ce fut la partie la plus dure n'ayant pas encore le pied très sûr.

On arrive ensuite à une grotte creusée puis à une zone extrêmement sinueuse et profonde qu'on évite par un sentier à droite. Très vite, sur un arbuste, un rappel de 20m nous ramène dans le fond du canyon. Là encore une partie plus étroite avec une série de jolis rappels (4/5 jusqu'à 15m) et encore une fois un magnifique encaissement et un peu d'eau... 

Peu après une zone de blocs à franchir avant la sortie.... Tout à été encore une fois trop vite et à 10H10 à peine on est de retour à la voiture en rentrant par le même chemin que pour Las Palomeras.

On file ensuite vers Rodellar pour ce qui sera notre dernier canyon ( le 4ème tout de même en 2j) de ce périple extraordinaire...

El Cueva Cabrito


On arrive sur place peu avant 11h et direct on est dans l'ambiance; Sur le topo ils parlent de classique et effectivement ça doit l'être. Au moins 6 voitures, des fourgonnettes... on sent déjà qu'on va devoir patienter....

Alors on prend le temps de manger et vers 11H15 on va chercher le départ. 
La première partie est constituée de petits ressauts ( 1/2m) qui se passent très facilement avant d'arriver très 
vite à une zone de rappel. Dès le premier rappel de 10m un groupe de lycéennes basques qui nous laissent très gentiment passer; Quelques rappels plus loin on tombe alors sur un groupe de 8 espagnols beaucoup moins sympathiques que les français qui eux nous font patienter un bon moment. Un rappel  un peu original avec les pieds en opposition pour l'approche puis deux autres pour arriver au fond des los OSCUROS....

Encore une fois c'est GRANDIOSE...  

Vient ensuite un zone intermédiaire plane et sans intérêt où l'on doublera les espagnols puis encore une fois des Estrechos!!! J'arrive à peine à passer de profil alors j'imagine certains... pour la plupart un bon exercice de passage en opposition!!!!! 

On arrive enfin à la dernière zone beaucoup plus encaissée; Quelques grands rappels pour descendre et admirer les formes des roches tantôt sinueuses tantôt hélicoïdales. C'est encore une fois sublime.... et bien trop court....

Un dernier rappel sur sangle ou chaine permet de sortir du canyon et rejoindre le Balcès;
On le remonte et au bout de 200M sur la gauche au niveau d'un cairn on emprunte une sente qui rejoint la crête puis une piste. Assez vite on retrouve la ferme et les voitures il est 13H45 à peine....

Petite pause et gros sourire  le 4ème est sorti on peut dire qu'on en aura bien profité....


Vers 14h on repart en France, à Rodellar il fait 20°,  on passera le Pourtalet 2h plus tard sous la neige avec une température de 1.5°.... 

Le bon plan c'était l'Espagne et on ne l'a pas regretté....

La fin de 2j de folie pour 4 canyons, des paysages splendides qui tranchent avec le versant français et des sensations extraordinaires.... 

A refaire très vite.....

Merci Lionel

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