Journal intime d'un pyrénéiste

Journal intime d'un pyrénéiste
"l'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous...." Walter Bonatti

lundi 8 août 2016

Eperon Nord du Pic de la Badète de Labassa, 300m, V, D

Reprise hier de la grimpe sur friends en terrain d'av avec mon super équipier Guillaume, rencontré au CAF il y a un an et avec qui j'en ai déjà fait des belles.
Aussi spectaculaire soit la grimpe, aussi raide soit l'arête, aussi sublimes soient nos montagnes , elles ne nous ne feront pas oublier notre ami disparu il y a un mois...
Alors au départ , comme au sommet, une grosse pensée pour lui...

Et justement  le départ on a failli le rater... Arrivés au lever du jour au Pont d'Espagne , on attaque vers 7h en cherchant le sentier sensé monter dans la Coste de Labasse... Eric nous a dit que le départ se situait au milieu du parking sauf qu'on ne trouve rien...
On essaye deux sentiers qui ne donnent rien avant de s'engager pleine pente dans la forêt dans du raide pour retomber sur ce qui semble être un sentier, cairné....
On le suit jusqu'à la sortie du bois avant un replat envahit de fougères. Là il se perd  dans la végétation. Guillaume et son sens de l'orientation pense qu'il faut viser à gauche , ce que nous faisons, avant de remonter un couloir d'avalanche en suivant un itinéraire cairné. En haut du couloir on prend à droite dans un chaos de blocs avant de remarquer un col que l'on rejoint. De là on aperçoit le sommet et l'arête qui nous fait face. On va pouvoir finir l'approche à vue.

On évolue dans un chaos de blocs plus ou moins gros, le plus étant sur le flanc gauche, avec la sente qui passe par le bas dans le Clot de la Badète.  Non loin du sommet, une dernière barre se contourne par la gauche avant de remonter un couloir herbeux jusqu'au pied du pic. Le départ de l'arête est marqué par un bâton et se fait par une première vire partant vers la gauche.

On s'équipe et on attaque. Guillaume part en tête, il est 10h.

L1 35m, 4+:
On remonte la vire herbeuse vers la gauche avant d'arriver à la base d'un dièdre qu'il contourne par la gauche. On attaque alors une cheminée en 4+ avec un piton et un coinceur, bien coincé ( et qui ne bougera pas!!). Guillaume relaye sur deux pitons à la base d'une dalle sculptée caractéristique ( avec à gauche le dièdre). Pour ma part une bonne longueur de chauffe, ça a tiré d'entrée et je stresse un peu avant le 5b de L2

L2, 45m, 5b:
On attaque la dalle bien prisue avec trois pitons cotés gauche ( deux du relai et un au dessus) avant de filer à droite sur le fil ( un piton sur la traversée, ensemble en 5) et remonter le fil de l'arête de l'arête sur 15m avec là aussi des pitons dans la voie ( délicat). On file à gauche pour retrouver une cheminée/dièdre en 4+ avant le relai sur béquet en haut...
Ce que je crois être le plat de résistance est là et la mise en bouche est épicée... Le dièdre final est raide et athlétique mais passe en tirant!!

L3: 30m,3
Longueur pour se reposer un peu sur l'arête. On protège quand même et on essaye de récupérer des deux premières longueurs. Relai au niveau d'une petite brèche face à la dalle de L4

L4: 50m, 4+
Ça commence mal surtout pour moi. Une grimpe fine, en dalle, sur réglettes simple formalité pour Guillaume qui évolue à vue dans le 6+/7a, beaucoup moins pour moi qui n'ai pas encore mis mes chaussons de l'année. Deux pitons dans la dalle  avec un premier pas qui passe bien mais un second beaucoup moins évident pour sortir. Guillaume avec sa souplesse , chope une prise de pieds très haute, ce que mon corps et sa raideur, m'interdisent.. Je tire donc au clou pour sortir ( et puis merde ça sert à ça aussi...) avant de retrouver l'arête.
Un passage un  peu raide avec un friend coincé puis l'arête plus facile jusqu'au relai. Un dernier mur encore équipé, en 4+ et c'est le relai installé par Guillaume Là on est sous le bastion final qui nous domine.

L5: 50m, 4+.
Pour la cinquième et avant dernière longueur je convaincs Guillaume de passer sur la droite au niveau de l'herbe ayant lu ça sur un topo. C'est pas l'idée du siècle car le caillou est licheneux et glissant et tranche avec l'excellent granite grimpé jusque là. On remonte alors des pentes herbeuses peu protégeables , sur la droite n'ayant pas trouvé de pitons dans le rocher plus à gauche. Un dernier pas délicat avant le relai installé par Guillaume.

L6 25m, 3
Je finis en tête par du très facile ( un pas de 3 au départ puis du 2) pour retrouver le rappel au pied du bloc surplombant. L'arête est sortie et le sommet semble nous tendre les bras

On  tire alors un rappel de 40m jusqu'à un col ( rappel intermédiaire possible on a vu une corde blanche) à la base du sommet.
De là on gagne le Pic de la Badète de Labassa en corde tendue. Ça y est on a sorti l'arête

Petite pause déjeuner au sommet, il est presque 15h. Une superbe vue et un beau 360°

Descente ensuite par une pente herbeuse à gauche avant de repiquer à droite pour descendre un couloir herbeux. Il donne sur des pentes herbeuse moins raides mais on rejoint l'arête à droite. Encore 10m de désesclade ( sangle pour un rappel) avant de couper à droite pour retrouver l'arête qui domine le lac de la Meya. Ça y est les difficultés sont derrière nous..

Il ne nous reste plus qu'à descendre dans les blocs jusqu'au sentier menant au lac de la Meya, puis de suivre ce sentier jusqu'au lac de Gaube. Là on retrouve la "décivilisation" et le peuple avant la voiture peu après 17h...

Une course superbe, j'ai été un peu juste dans le niveau mais ça ne m'a pas empêché de prendre du plaisir. Un immense merci à mon pote Guillaume qui a tout fait en tête.
On avait besoin de se vider la tête, c'est chose faite!!


































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