Journal intime d'un pyrénéiste

Journal intime d'un pyrénéiste
"l'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous...." Walter Bonatti

dimanche 3 septembre 2017

GR20, le 28 Aout, Vizzavone / Prati

28/8

Vizzavone/ Prati
D+ : 2600m
D- : 1900m

Quelle étape mais alors quelle étape.... et quelle JOURNÉE DE MERDE !!!Sur la papier l'avant dernier jour de marche , 42kms et trois étapes classiques avant la dernière de 48kms le lendemain. Celle où il faut tenir mentalement alors que la fatigue se fait sentir, celle où la tête droit prendre le dessus et nous pousser vers la fin, celle où l'on ne doit pas craquer... et pourtant tout a failli se terminer là, à Vizzavone, village situé au milieu du GR et qui marque la limite entre le GR Nord et le GR Sud. La faute à un balisage détérioré et minimaliste et à des indications , je le dis honnêtement, foireuses de la part de l'aubergiste local. Partis tôt on atteint très vite une première bifurcation où l'on prend , comme nous l'a indiqué notre hôte, à droite. En suivant on arrive à un panneau avec «  la femme perdue ». En regardant la carte on remarque que ça peut nous faire gagner du temps... sauf qu'en fait c'est deux randonneurs pyrénéens qui le seront justement , perdus.... On file direction la Madonuccia complètement à l'opposé du GR et on arrive à un col à 1600m. Là ça commence déjà sentir mauvais . On se pose de sérieuses questions et on sait qu'on est perdus mais on doit continuer en essayant de retrouver le GR sinon pour nous l'aventure est finie. On suit ensuite toute l'arête qui domine le fort et la route, jusqu'à un sommet la Punta Del Orriente à 2112m...
Il est 8h, on est à l'opposé de là où on doit être et dans ma tête , devant l'étape de fou qui nous attend, l'aventure finit là, à Vizzavone avec ces 700m de D+ en plus et ces 4h de perdues.

Je suis abattu, tant de préparation pour ça .... Mais Marc ne l'entend pas ainsi et décide d'attaquer la descente en courant pour retrouver l'endroit où l'on s'est perdus. Il nous reste une micro chance de finir le GR car on s'est laissés une demie journée de libre pour la liaison Conca/Ajaccio et Marc l'a bien compris. On avait une seule cartouche qu'on a cramé ce matin . A partir de ce moment là plus de droit à l'erreur et si on ne retrouve pas très vite le GR l'aventure est finie.

Vers 9h enfin le GR, Sud cette fois, on est à 1300m et on doit encore tripler l'étape... Entre abattement et motivation décuplée , et devant le chantier qui nous attend, on décide continuer avec plus que jamais la pression. Cette étape en plus, ces 4h de perdues, il va falloir les rattraper et nous n'auront plus le droit de faillir, ni physiquement, ni en se trompant d'itinéraire. Une pression qui se fera sentir sur la cohésion de l'équipe et sur les choix futurs à entreprendre.
On attaque donc la remontée vers la Bocca Palmente avant la descente.

Là on croise comme souvent un groupe de marcheurs. Sauf qu'en dernière position je croise un visage de que je reconnais pour l'avoir vu souvent à la télé. Il s'agit du chanteur du groupe tarbais à succès Boulevard des Airs dont je suis fan , groupe venu marcher quelques jours sur le GR20. Une petite discussion très sympa commence avec un selfie à la clé. Ça n'est pas dans mes habitudes mais là j'ai craqué. Et vue ma tête sur la photo , elle va rester en mémoire . On les laisse filer vers la bocca avant , nous , de descendre vers une bergerie. C'est de loin la partie du GR que j'aurais la moins aimée. Le Sud, sec, avec ces pinèdes comme on en trouve chez nous vers Gruissan, avec très peu d'eau et des paysages monotones à peine enrichis par quelques arbres qui sortent du lot... Pas grand chose à dire jusqu'au refuge de Campanelle, qu'on atteint vers midi . A cette heure ci on est sensés avoir doublé les étapes déjà et là on en a fait qu'une. Notre ambition de finir à Usciolu ce soir s'éloigne donc à grands pas . Pire, alors qu'on est pressés et après commandé notre repas au refuge , au bout de 25mns d'attente toujours rien. La gérante n'a pas communiqué la commande à la cuisinière et nous rétorque avec arrogance «  chacun ses problèmes... ».
Et bien nous notre problème chère madame c'est de se taper 35kms en plein cagnard cet aprem et putain en tant qu’hôtelière tes problèmes tu les laisses derrière le bar !!!!!! Finalement on bouffera une omelette en 10mn gobée par la colère.


On repart donc en rogne et là encore mauvais choix stratégique. Au lieu de prendre le GR on reste sur la route en espérant se faire prendre en stop jusqu'à la cascade 200m plus bas , qu'il faut rejoindre. Sauf que personne ne passera et qu'au lieu de passer 10mns sur un sentier on passera 45mns sur la route.
Le moral est au plus bas et on sait qu'on n'arrive pas à Usciolu ce soir. Après quelques heures de marche sans intérêt on arrive au col de Verde pour boire un verre avant d'enchainer la montée vers le refuge de Pardi. 550m raides en plein soleil bouclés en 1h20. On s'arrêtera là pour ce soir, dans ce paysage balayé et façonné par le vent après avoir, au col à 1850m , revu enfin la mer...


Ce jour là on a perdu une étape qu'il faudra rattraper le lendemain... La dernière grosse journée de marche sera donc aussi la plus longue et encore une fois après avoir soupé au refuge à 20h on est au lit....


















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